« Létang Biogaz » : du gaz de ville à partir de maïs

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L166936_HD0966267-630x0Premier du département, l’agriculteur François-Xavier Létang à Sourdun, est le cinquième en France à se lancer dans la production de biométhane. Il produit, à partir du maïs, un gaz propre à la consommation qui lui est racheté par GrDF, pour l’injecter dans le réseau de gaz de ville. Visite du site « Létang Biogaz » qui fonctionne depuis le mois de juillet.

Le projet est né d’un besoin des sols dans une problématique économique“. François-Xavier Létang, agriculteur depuis 1999 a Sourdun s’est lancé dans la production de Biogaz. L’installation, visible depuis la route, composée de trois gros dômes verts, est un méthaniseur qui transforme le maïs en gaz composé de méthane. Un biogaz, qui est injecté dans le réseau de gaz de ville de GrDF.

Besoins des sols

” La production de mon exploitation est composée à 50 % d’orge d’hiver (sur 300 ha) un peu de maïs, de l’oignon et de la pomme de terre. La pomme de terre est une culture exigeante car elle consomme beaucoup de matières organiques. Et sans activité d’élevage, il est difficile de pouvoir nourrir les sols.” C’est ce constat qui a amené François-Xavier Létang à considérer une opportunité nouvelle qui s’offre aujourd’hui aux agriculteurs. “Avec une récolte de maïs annuelle entre deux orges, on couvre les sols, et la production de cette culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive), permet à la fois de produire du biogaz, mais aussi, de l’engrais naturel pour nourrir les sols.”

Cinq sites en France

François-Xavier Létang a commencé à s’intéresser cette production il y a trois ans. “En 2011, l’État a fixé un tarif de rachat du biogaz en France. Ce qui a permis à des agriculteurs, comme moi, de se lancer.” L’installation “Létang Biogaz” a été élaborée avec le concours d’un bureau d’étude spécialisé, Artaim Conseil. “Nous accompagnons les agriculteurs jusqu’à la pause de la première pierre par MT Energie qui fabrique les installations, avance Lionel Boursaud, expert dans le développement de projets en agronomie. Dans le département, une autre exploitation va lancer sa production de biogaz au mois de septembre à Ussy-sur-Marne, et deux autres projets sont en cours.” À l’heure actuelle, la production Létang a Sourdun fait parti des cinq sites français de production de biogaz.

Du maïs au gaz

Pour cette première année de production de biogaz, le méthaniseur (installation de production) est alimenté par la récolte de maïs produite l’an passé, entre deux orges d’hiver. “La plante entière de maïs est broyée et stockée : il s’agit de l’ensilage. Cette matière première est introduite, à raison de 30 tonnes par jour, tous les jours, dans le trémie d’alimentation” détaille François-Xavier Létang.

Cette première phase consiste à mélanger l’ensilage avant de l’envoyer dans une première cuve de fermentation. L’installation est composée de trois grandes cuves cylindriques, couvertes de bâches (les trois gros dômes que l’on voit de la route). “Dans la cuve, le maïs broyé va fermenter. Il est brassé par des hélices, et la mixture est chauffée, de manière à permettre aux bactéries de se développer. C’est ce procédé de fermentation qui produit un gaz, qui vient stagner au-dessus de l’ensilage, sous la bâche” explique l’agriculteur. Au bout de 60 jours la matière tombe au fond de la cuve, elle est alors réinjectée par le haut, dans une seconde cuve de fermentation, pour 60 jours de plus.

À l’issue de ce processus, le gaz est envoyé par des tuyaux vers la station de filtrage. Là, le gaz composé principalement de méthane et de CO2 va être purifié. Les molécules de CO2 sont extraites, afin d’obtenir un gaz composé à 98% de méthane. C’est la qualité requise pour qu’il soit propre à la consommation et racheté par GrDF.

Létang Biogaz alimente 1 000 foyers

Une fois filtré et purifié, le biométhane est envoyé vers le container GrDF installé à proximité du site. “Ils vérifient la conformité du gaz et l’odorisent pour des questions de sécurité. Puis le biométhane que nous avons produit est injecté dans le réseau de gaz de ville” explique François-Xavier Létang. L’agriculteur envoie ainsi 1340 kWh de gaz dans le réseau chaque heure, ce qui correspond à la consommation en gaz de plus de 1000 foyers de quatre personnes, pour les besoins en eau chaude et chauffage.

Un engrais naturel

Le prix de rachat du biogaz par Grdf est fixé à 0,11 € le kWh et l’agriculteur mise sur une production annuelle de 9 millions de kWh. Il a investi 3,5 millions d’euros pour son installation et espère un retour sur investissement d’ici huit ans. “Il s’agit d’un projet de développement durable, qui a été soutenu par les élus locaux. La Région a offert une subvention de 50 000 euros.” Car en plus de produire du biogaz, le méthaniseur permet de récolter le “digestat” qui sert d’engrais naturel pour fertiliser les sols. “Le digestat est le liquide recueilli après la fermentation du maïs. Il conserve les éléments fertilisants de la plante décomposée : azote, phosphore, potasse. Cela va me permettre de diviser par deux ma consommation d’engrais sur mon exploitation de 620 hectares.“

Source de l’article LA REPUBLIQUE 77.fr | Auteur Marie-Lise CANS | Le 20 Août 2014