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Du biogaz de ville injecté à Strasbourg

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gaz vertDu biométhane issu des boues de sa station d’épuration est injecté dans le réseau GDS. Une première en France !

C’est une première française que la ministre de l’environnement Ségolène Royale inaugure mardi matin à Strasbourg. Quatrième station française d’épuration avec un débit journalier de 200.000 m3 et conçue pour traiter les effluves d’un million d’habitants, l’installation de Strasbourg-La Wantzenau valorise désormais plus de la moitié de ses boues pour produire du biométhane et le purifier. Les premiers mètres cubes viennent d’être injectés dans le réseau local GDS (Gaz Distribution Services), anciennement Gaz de Strasbourg, qui dessert plus d’une centaine de communes dans le Bas-Rhin. Au total, la station procurera plus de 1,6 million de mètres cubes par an de biométhane purifié à 98%, ce qui équivaut à la consommation de 5.000 logements et réduit les rejets de CO2 de 7.000 tonnes par an.

Cofinancé à hauteur de 2,4 millions d’euros par l’Union européenne dans le cadre du programme LIFE+, ce projet baptisé Biovalsan aura nécessité un investissement global de 4,7 millions d’euros, dont une importante partie consacrée à la recherche. D’autres villes françaises sont déjà sur les rangs pour réaliser des opérations similaires, en particulier Grenoble, Elancourt et Valenton. « C’est aujourd’hui la meilleure équation énergétique qui soit », affirme Olivier Bitz, président de GDS et adjoint au maire : une production locale 100% verte à partir d’une source inépuisable -les eaux usées-, transportée sans camion contrairement à la biomasse et ne souffrant d’aucune perte en ligne contrairement à l’électricité.

En 2011 pourtant, lorsque la SEM strasbourgeoise Réseau GDS et l’exploitant de la station d’épuration Suez avaient lancé leur projet, les obstacles étaient légion, à la fois techniques, financiers, sanitaires et réglementaires. Certes, le procédé de méthanisation dans une station comme celle de Strasbourg-La Wantzenau est bien connu : il s’agit d’une fermentation bactérienne des boues pour générer du biogaz. Mais encore fallait-il parvenir à produire, grâce à un système filtration membranaire, un biométhane de haute qualité, débarrassé de tout gaz carbonique, condition sine qua non pour l’injecter dans un réseau public de gaz naturel. Ces travaux de R&D ont été menés par plusieurs partenaires, dont les laboratoires Eurofins et SGS Multilab.

Et ce n’est qu’à l’automne dernier que le chantier a réellement pu commencer, après la publication au Journal Officiel, le 26 juin 2014, d’un décret autorisant l’injection dans les réseaux de gaz de ce méthane issu de boues de la station d’épuration. A présent, les promoteurs de l’opération strasbourgeoise cherchent à accroître leur production de biométhane, notamment en traitant une proportion plus importante de boues de la station, 60, voire 75%. Mais aussi en ayant recours à d’autres sources comme des déchets ménagers, agricoles ou industriels. « Rien n’est encore décidé, mais les réflexions avancent », indique sobrement un responsable de Suez.

En tout cas, l’opération strasbourgeoise devrait rapidement faire tâche d’huile. Au ministère de l’Ecologie, les dossiers émanant de collectivités candidates s’accumulent et l’objectif d’une centaine de stations d’épuration dotées d’un équipement de production de biométhane d’ici 2020 pourrait bien être revu à la hausse. D’autant que des exploitants y poussent ardemment. A l’instar de Suez dont le directeur général, Jean-Louis Chaussade, met en avant « ce partenariat avec l’Eurométropole de Strasbourg qui est aujourd’hui, dit-il, un exemple réussi d’économie circulaire et de boucle locale de valorisation qui s’inscrit en amont de COP 21 ».

Source de l’article les Echos | Auteur Christian Lienhardt  | Le