Malgré la réglementation qui impose le tri à la source pour un grand nombre de producteurs (cantines des lycées, restaurateurs, etc.), les initiatives restent rares. Pourtant, les industriels ont des solutions de traitement.
Bientôt, ils seront au pied du mur. Depuis le 1er janvier 2016, les producteurs de plus de 10 tonnes de biodéchets (alimentaires, végétaux…) par an doivent les trier à la source. En 2025, comme le prévoit la loi sur la transition énergétique, cette obligation s’étendra à tous les particuliers. Ce palier est vite atteint : c’est ce que produit un restaurant d’entreprise qui sert 275 repas par jour sur 260 jours dans l’année, soit environ 71.000 repas par an, selon la circulaire du 10 janvier 2012. Selon cette même circulaire, « l’entretien des espaces verts et les industries agroalimentaires sont également concernés mais dans une mesure moindre car le tri à la source des biodéchets y est d’ores et déjà pratiqué dans la majorité des cas ». Mais ce n’est pas le cas de tous.
Économie circulaire
En Ile-de-France, de nombreux producteurs rentrent dans ce critère : environ 180 hypermarchés et 1.400 supermarchés, 700 petits commerces (fleuristes, poissonniers, boulangers pâtissiers, primeurs..), plus de 550 marchés, environ 1.000 restaurants et 700 restaurants rapides, pas moins de 1.500 collèges et lycées, auxquels s’ajoutent les universités et les grandes écoles. Une aubaine pour les industriels. « La filière est techniquement prête avec des solutions déjà existantes de collecte et de recyclage organique des biodéchets », indique Jean-Philippe Dugoin-Clément, président de l’Observatoire régionale des déchets en Ile-de-France (Ordif). Les solutions de traitement, via le compostage et la méthanisation, n’en sont plus « au stade de l’expérimentation ».
Des structures franciliennes en sous-régime
Selon l’Ordif, les biodéchets traités dans les installations franciliennes en 2014 représentent 55.396 tonnes, dont 13.370 de déchets végétaux. Peut mieux faire. « En Ile-de-France, on compte 5 usines de méthanisation qui peuvent accueillir des biodéchets de type alimentaire et 14 plates-formes de compostage. Ces structures ne fonctionnent pas à plein régime et peuvent encore développer leur activité », souligne Jean-Philippe Dugoin-Clément. Par ailleurs, la transformation des produits alimentaires en source d’énergie est en marche : conversion en biogaz, raffinement en biométhane. Les partisans mettent en avant la mise en place d’une « économie circulaire de la matière organique ». Le projet européen Bin2Grid vise d’ailleurs à promouvoir cette source d’énergie dans un réseau de stations-service réparties sur quatre territoires tests, les villes de Zagreb (Croatie), Skopje (Macédoine), Malaga (Espagne) et la région Ile-de-France. Le problème vient de la réticence des producteurs. Si les très gros, comme « Eurodisney ou les grands de la restauration collective » s’y mettent, comme le cite le président de l’Ordif, le bât blesse à l’échelon du dessous. « A l’heure actuelle, seulement 5 lycées respectent cette réglementation », déplore le président de l’Ordif. Pourtant, il suffit souvent de bacs supplémentaires et de zones de stockage. Puis d’un coût additionnel lorsque se fait le choix d’une collecte spécifique. « Aujourd’hui, on travaille sur moins de 50 % du problème puisque les particuliers représentent plus de la moitié en tonnage », rappelle le dirigeant. Pour l’instant, les pénalités n’ont pas été instaurées même si le texte prévoit des sanctions lourdes. Mais le ton pourrait se durcir selon les professionnels.
Source de l’article Les Echos.fr l Auteur Marion Kindermans l le 26 Avril 2016