Le diesel avait repris l’avantage. Les six bus que Grand Poitiers prévoit d’acheter cette année rouleront tous au gaz naturel de ville.
A la fin des années 1990, le district de Poitiers avait été pionnier dans l’utilisation du gaz naturel de ville pour faire rouler ses bus. Les écologistes qui étaient entrés dans la majorité avaient poussé en ce sens, obtenant que l’on mette un frein à l’achat de bus au diesel, particulièrement polluants.
« Notre propre station de méthanisation »
A l’usage, les bus au gaz naturel de ville se sont avérés coûteux car ils revenaient souvent au garage. « Notre société des transports en commun s’est trouvée confrontée à un problème de fiabilité, indique Anne Gérard, vice-présidente de Grand Poitiers, en charge des transports (1). Les moteurs cassaient plus vite que sur les bus au diesel ; pour les chauffeurs et les techniciens, ces incidents devenaient difficiles à gérer. » En fait, la technologie du gaz naturel de ville (2) n’était pas parfaitement au point.
« Aujourd’hui, elle est devenue plus fiable si on en juge par le choix fait par une majorité de transporteurs d’adopter le GNV, assure Anne Gérard. Les constructeurs, à l’exception notable d’Heuliez Bus (3) ont tous fait d’importants efforts en recherche et développement sur cette énergie. »
Après avoir investi dans les bus diesel, au grand dam des écologistes, Grand Poitiers va donc revenir à ses premières amours. Dès cette année, la communauté d’agglomération prévoit d’investir 6 M € pour acheter six bus au GNV. Un changement qui intervient à un moment où le contrat avec la société qui fournit le gaz compressé à Vitalis approche de son terme (fin 2017). Anne Gérard : « La station de compression peut accueillir 63 bus au GNV. Vitalis en fait rouler 58. Si nous faisons l’acquisition de nouveaux bus GNV, la décision aura aussi des répercussions sur la station de compression. »
Parmi les alternatives au diesel, il y a aussi le bus totalement électrique et le bus hybride (pour partie électrique). Mais cette technologie, indique la vice-présidente, n’est pas encore totalement au point et reste très onéreuse. « Sans compter que la topographie de Poitiers ne se prête pas à l’équipement électrique des bus. »
En investissant à nouveau dans le gaz naturel de ville, l’agglomération travaille sur le long terme. Anne Gérard : « Nous avons en perspective la construction de notre propre station de méthanisation qui valoriserait des déchets produits localement. »
(1) Alain Tanguy, maire de Vouneuil-sous-Biard, est président de Vitalis, et également vice-président de Grand Poitiers pour les transports. (2) Le gaz naturel de ville, utilisé dans les transports, est composé pour l’essentiel de méthane (CH4), non toxique, à la différence du gaz de ville longtemps fabriqué à partir de houille et composé de monoxyde de carbone (CO) toxique. (3) Heuliez Bus, implantée à Rorthais, près de Bressuire, est une filiale de Fiat et, ; à ce jour, l’un des tout premiers fournisseurs de Vitalis.
Une question en suspens
> Les bus sont achetés par Grand Poitiers et mis à disposition de la société des transports en commun Vitalis, constituée sous la forme d’un EPIC (Établissement public industriel et commercial). Ce qui pose un problème juridique et comptable quand il s’agit d’amortir les bus. La question a été posée à la chambre régionale des comptes qui, à ce jour, n’a pas apporté de réponse.
> Un bus au diesel coûte 250.000 €. Un bus au GNV 285.000 € et un bus hybride 370.000 €. La flotte de bus est composée de 126 bus : 67 au diesel, 58 au GNV et un hybride (notre photo).
> Vitalis emploie 329 salariés, dont 250 chauffeurs. Un programme de rénovation de ses locaux (énergivores), avenue de Northampton, vient d’être engagé.