Engie – un procédé de production de gaz vert à l’essai

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1196617_un-procede-de-production-de-gaz-vert-a-lessai-web-tete-021659764599_660x352pEngie va tester à Saint-Fons une plate-forme de production de biométhane de seconde génération.

Engie attend beaucoup de la plate-forme Gaya qui entrera en service avant fin 2016.  « C’est le grand projet de cette année », confirme Raphaël Schoentgen, directeur de la recherche et de la technologie du groupe énergétique. A la clef, le développement d’une nouvelle filière de production de biomasse de seconde génération. A la différence de la première issue de feuilles, de tonte de gazon, de déchets verts, celle-ci utilise du bois, de la paille, des résidus secs d’origine forestière, agricole ou de l’industrie papetière. Ce biométhane est produit par gazéification puis méthanation. A la clef aussi, un investissement total de 57 millions d’euros.

Des brevets déposés

Chauffée entre 800 et 1.000 degrés, cette biomasse sèche se décompose en molécules qui sont ensuite lavées et filtrées pour éliminer les goudrons et autres impuretés. Les atomes de carbone, d’oxygène et d’hydrogène obtenus sont recombinés par le biais de catalyseurs pour former de nouvelles molécules d’eau, de CO2 et de biométhane qui a les mêmes propriétés que le gaz naturel. Il peut être transporté par les canalisations habituelles et utilisé comme biocarburant pour les transports et comme gaz vert pour des usages domestiques.

L’ambition du projet Gaya est de reproduire ce procédé de manière industrielle  « afin de valoriser cette biomasse à la maille locale, à petite échelle », explique Raphaël Schoentgen. Des travaux de recherche sont conduits depuis 2010 pour développer de nouvelles briques technologiques. Des brevets ont été déposés. La prochaine étape est de conduire des essais avec une installation pilote semi-industrielle en cours d’achèvement à Saint-Fons, près de Lyon. Les premiers équipements seront opérationnels dans le courant de l’année, la totalité de la plate-forme d’ici à la fin de l’année.

Projet collaboratif

Une cinquantaine de personnes travaillent de concert sur ce projet collaboratif qui réunit onze partenaires publics et privés, différents laboratoires universitaires et du CEA. Sur les 57 millions d’euros d’investissement, le programme de recherche pèse 17 millions financés pour un tiers par l’Ademe. Avec un vrai enjeu technologique, selon Olivier Guérin, le « monsieur Biogaz » d’Engie, coordinateur du projet Gaya.

L’objectif est de porter le rendement de l’installation de 56 % à 65 % à terme.  « Les essais porteront sur un large éventail de matières premières (paille, résidus de bois, de papeterie), sur des mélanges, afin de mieux connaître la flexibilité des procédés de transformation », explique-t-il. Après deux à trois ans de tests, une première unité industrielle devrait être construite à horizon 2020.

A la différence d’autres démonstrateurs plus puissants, Gaya veut répondre à des besoins décentralisés, de plus petite taille, de l’ordre de 1 MW pour s’approvisionner au plus près des gisements locaux de biomasse, réduire le transport et minimiser l’empreinte carbone. La biomasse doit participer de manière croissante au mix énergétique. Trente-troix TWh de biomasse pourraient être produites en 2030, 250 TWh en 2050, soit près de la moitié du gaz naturel consommé en France en 2010. A des prix acceptables, compris entre 60 et 120 euros. Parallèlement, les promoteurs du biométhane réfléchissent à des dispositifs d’accompagnement financier.  « Mais nous ne pourrons faire cela de manière efficace sans engagement des acteurs agricoles et forestiers, remarque Raphaël Schoentgen.  Sans l’engagement des pouvoirs publics. »

Source de l’article Les Echos l Auteur VINCENT CHARBONNIER l Le 1 Février 2016