On n’imagine pas, en prenant la très calme rue Carnot, à Thorigny-sur-Marne, que derrière l’un des portails qui la bordent, habite un Géo Trouvetou qui travaille sans relâche à la création de la voiture du futur. Et pourtant, c’est bien ici qu’a été conçue une voiture, tellement unique en son genre, qu’elle aura l’honneur de participer, en 2017, aux 24 heures du Mans, en occupant le 56e stand, réservé aux véhicules les plus innovants.
Une voiture aux capacités d’une voiture de course
La voiture en cours d’élaboration à Thorigny a les capacités d’une voiture de course, avec une vitesse de pointe de 330 km/h, d’après son concepteur, mais ne pollue quasiment pas.
En effet, elle est alimentée en biométhane liquide, un carburant produit à partir de déchets biologiques, et notamment d’excréments. « Entre nous, on la surnomme la voiture fosse septique », rigole Thibault Dejardin, ingénieur chez Welter Racing. Ce n’est évidemment pas le nom le plus accrocheur mais il a le mérite d’être clair. « Nous avons d’ailleurs calculé que si nous transformions tous les excréments produits par les spectateurs des 24 heures du Mans, nous pourrions faire rouler deux de nos voitures pendant 24 heures. »
Le biométhane, l’énergie du futur ?
« Je suis certain d’être sur une piste de développement extraordinaire », confie Gérard Welter, le patron de la petite entreprise, qui souhaiterait que son concept soit repris par des industriels. « Le biométhane ne pourra pas faire rouler toutes les voitures de la planète mais peut répondre à de nombreux besoins, à côté de l’électrique, de l’hydrogène et du pétrole », estime le chef d’entreprise.
Il constate par ailleurs que si cette technologie est connue depuis longtemps, notamment en Chine, où du biométhane est produit dans les zones rurales les plus reculées pour répondre aux besoins en énergie, elle est encore très peu développée en France.
C’est justement ce qui a plu à Vincent Beaumesnil, directeur sport de l’Automobile Club de l’Ouest, qui sélectionne ceux qui occupent le fameux « garage 56 ». « Les 24 heures du Mans, c’est d’abord un laboratoire technologique. Nous voulions mettre en avant le biométhane, dont on parle peu malgré son énorme potentiel. Et aussi montrer qu’une voiture utilisant un carburant ne polluant presque pas peut afficher les performances d’une voiture de course. » Rendez-vous en juin 2017 pour la voir rouler sur le célèbre circuit sarthois.
Source de l’article Le Parisien l Auteur Grégory Plesse | Le 16 Mai 2016