La métropole a créé un outil d’envergure européenne, devenu une référence pour GrDF, pour produire du gaz avec ses déchets.
Voilà bientôt dix ans que les bus de la métropole lilloise roulent au gaz. C’était la volonté de Pierre Mauroy, ancien président de l’agglomération, de créer une boucle vertueuse : le gaz avec lequel les bus rouleraient serait produit par la méthanisation des déchets des habitants, transformés en matière première.
C’est dans cette logique que la métropole s’est dotée en 2007 de son Centre de valorisation organique (CVO) à Sequedin. Un investissement de 55 millions d’euros. Il traite les déchets fermentescibles de l’agglomération, qu’ils émanent des particuliers, des restaurateurs ou des collectivités. Le centre les traite de deux façons : le biocompost, produit par trois digesteurs en trois semaines, et le biogaz, par méthanisation.
Mais ce biogaz brut doit être épuré : il faut porter sa concentration de méthane, soit de 55 % à 65 %, à de 91 % à 92 %. Le gaz est lavé et débarrassé de sulfure d’hydrogène, nocif pour les moteurs. Il est ensuite concentré, séché et odorisé pour être amené à une qualité identique à celle du gaz naturel. « Nous avons été les premiers à injecter du biométhane sur le réseau, nous servons depuis de référence à GrDF », se félicite Philippe Devaux, directeur du site, géré en délégation de service public par Carbiolane, filiale à parité de Dalkia France et de Ramery Environnement.
6 à 7 % de mètres cubes de biogaz autoconsommés
Cette boucle vertueuse allait jusqu’à l’alimentation directe des bus situés dans un dépôt contigu, au début de l’installation, via une conduite de gaz souterraine dédiée. Des problèmes administratifs puis surtout les modifications commerciales ont rendu la vente directe du gaz à GRDF bien plus rentable. Néanmoins, le dépôt de bus étant situé en début de réseau reçoit effectivement le gaz du CVO, expose Philippe Devaux. Et les bus de la métropole roulent ainsi avec du gaz partiellement issu des déchets des habitants.
De 6 à 7 % des 4 millions de mètres cubes de biogaz produits chaque année par le CVO sont autoconsommés pour le chauffage des installations, tout le reste est injecté dans le réseau. Moins de 1 % du gaz doit être torché (brûlé) pour non-conformité. L’installation, qui demeure la plus grande d’Europe à ce jour, fait l’objet d’un nouvel appel public à la concurrence par une délibération de la métropole lilloise (MEL) le 1er avril, la DSP s’achevant fin 2017. Avec une question sur la taille de l’infrastructure : le CVO est calibré et autorisé pour un volume de 108.000 tonnes annuelles. Mais il n’en a traité que 60.000 l’an dernier. Les services de la métropole notent que le gisement est extensible à la fois par un élargissement du périmètre de collecte, mais aussi par la sensibilisation des habitants, et que les volumes tendent déjà à augmenter.
Source de l’article Les Echos.fr l Auteur Olivier Ducuing l Le 13 Avril 2016